Atmo Auvergne Rhône-Alpes (Atmo Au-RA en abrégé) vient de publier un rapport intitulé « Synthèse de la qualité de l’air aux abords du tunnel de la Croix-Rousse  » s’appuyant sur les mesures effectuées de 2014 à 2021 par la station située au-dessus de la sortie Rhône du tunnel dans la cour de l’école Michel Servet. Le document est disponible sur le site de l’observatoire ici : https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/sites/aura/files/medias/documents/2022-08/Synth%C3%A8se_Station_Croix_Rousse_2021.pdf

Le rapport prend également en compte les données des 3 autres stations de type trafic de l’agglomération (Lyon Périphérique, A7 sud Lyonnais et Lyon trafic Jean-Jaurès) et la station de fond Lyon Centre. Les différents graphiques ne nous apprennent pas grand’chose de nouveau vu que, depuis janvier 2016, nous publions les nôtres chaque début d’année à partir des données d’Atmo Au-RA disponibles en temps réel sur leur site, avec nos propres commentaires qui concordent d’ailleurs largement avec ceux du document cité. Voici les constats qu’l convient de retenir en synthèse :

  • les niveaux de dioxyde d’azote NO2 baissent d’année en année mais ils dépassent encore les valeurs limites autorisées par l’UE en moyenne annuelle à la station Lyon périphérique et à la station Tunnel Croix-Rousse, ce qui met toujours la France en dispositif de contentieux après notre condamnation par la Cour de Justice Européenne et nous expose encore à de fortes amendes au titre de l’astreinte figurant dans le jugement si la France n’apporte pas la preuve de l’efficacité des solutions mises en oeuvre pour descendre à des niveaux admissibles,
  • pour les particules fines PM10, l’ensemble des stations étudiées respecte depuis 2014 la valeur limite réglementaire annuelle de 40 μg/m3 et on observe une baisse régulière mais modeste des niveaux relevés, la station tunnel Croix-Rousse est à égalité à 25 µg/m3 avec celle de l’autoroute A7 sud lyonnais mais toutes les stations dépassent le seuil de 15 µg/m3 recommandé par l’OMS en 2021 et la baisse observée depuis 2014 présente un certain tassement en 2021.

La valeur ajoutée du document d’Atmo Au-RA se trouve dans les dernières pages du document avec le rapprochement entre le débit du trafic en véhicules et les niveaux de pollution mesurés. Nous demandions depuis 8 ans que le Grand Lyon fournisse les comptages, sans sucès jusqu’ici, ce qui nous semblait pourtant indispensable pour pour identifier les axes les plus chargés avec leur profil horaire, prendre les bonnes décisions au niveau politique et évaluer les éventuels progrès liés à la diminution du trafic routier.

Quels enseignements tirer de ce rapport ? 

  • Pour la partie de la ville de Lyon voisine de la sortie Rhône du Tunnel de la Croix-Rousse, l’axe routier qui cause le plus de pollution au NO2 est l’axe Tassigny-Lassagne-Duquesne qui traverse le pont sur le Rhône et dessert la rue Garibaldi et le secteur Part-Dieu ; ce n’est donc pas l’axe « Nord-Sud » sur les quais du Rhône rive droite qui est le plus en cause. Même s’il existe une corrélation visible entre trafic routier et NO2, c’est significatif aux heures de pointe, surtout le matin mais ça n’est pas aussi évident en cours de journée,
  • pour les PM10, c’est toujours l’axe Tassigny-Lassagne-Duquesne qui amène le plus de pollution mais la corrélation entre trafic routier et pollution n’est plus autant mise en évidence et, selon Atmo Au-RA,, les émissions de particules fines trouvent leur origine dans d’autres sources qui nécessiteneront d’autres investigations et d’autres analyses pour clarifier la situation autour de cette station que l’observatoire qualifie d’atypique.

Quel est l’effet du télétravail en tant choix d’organisation pour les activités professionnelles ? Nous n’avons pas trouvé d’éléments démontrant la corrélation entre le télétravail, la quantité de dioxyde d’azote généré par la circulation automobile et le niveau des particules fines produites par le chauffage des appartements. On a vu que, pendant le confinement de l’année 2020, la pollution de fond due aux particules fines avait augmenté à Lyon, surtout en période froide. Mais quels sont les réels effets du télétravail maintenant que ce n’est plus un phénomène conjecturel mais une organisation pérenne ? Nous restons sur notre faim en l’absence d’analyses plus approfondies.

Et pour l’école Michel Servet, quelles actions la Ville de Lyon et la Métropole ont-elles engagées ou prévoient-elle de le faire à très court terme ? Quand la cour de récréation côté tunnel va-t-elle être réouverte aux enfants ? Quand toutes les salles de cours pourront-elles être utilisées à 100 % qu’elles soient côté tunnel ou côté rue Alsace-Lorraine ? Une fois encore, et nous le répétons depuis 2014, il faut bien des plans à moyen et long terme pour réorganiser les déplacements dans l’agglomération mais il faut aussi et prioritairement des actions spécifiques et les plus immédiates possible pour éradiquer les points noirs tels que le cas de cet école et de son proche quartier.

Mesdames et messieurs les élus, la balle est dans votre camp, faites ce qu’il faut mais faites-le vite !